Le théâtre pour enfants : Une « aventure »

Par Jean-Claude Izzo

 

A « Chanot 72 » ; les 24 et 25 juin à Marseille tous les enfants pourront assister à la représentation de la pièce de Pierre Gamarra : « Le pont sur la clarinette », interprétée par l’Action Culturelle Provence-Méditerranée que dirige César Gattegno.

C’est à mon avis, un événement et cela à plus d’un titre. Il est rare en effet qu’un auteur tel que Pierre Gamarra dont l’écriture sert si bien la littérature enfantine et un metteur en scène comme César Gattegno soient réunis pour une même création.

C’est ce que le théâtre pour les enfants est une chose très sérieuse dont on ne mesure, souvent pas assez l’importance.

Certes, un tel théâtre n’a pas un brillant passé. On peut se souvenir du théâtre scolaire de notre enfance, où l’on nous présentait souvent du mauvais Molière édulcoré.

Aujourd’hui nous pouvons être plus optimiste. Dans tous les milieux on commence à sentir que ce théâtre là manque. Peut-être parce qu’on prend conscience –une conscience aiguë- du rôle que nous avons à jouer auprès des enfants.

Bien sûr, un mode d’expression n’en remplace pas un autre. Chacun a sa fonction spécifique. Mais, « Le théâtre est de tous, le plus propre à éduquer l’enfant en le divertissant ».

Car ainsi que le rappelait Raymonde Temkine, le cinéma qui impose – et bien souvent agresse l’enfant qui ne peut se défendre, la télévision qui ne trie pas les images ( bonnes et mauvaises émissions ) et qui les diffuse, pêle-mêle sur le jeune spectateur incapable de faire un choix, ne seront jamais pour l’enfant ce qu’est le théâtre : un événement, un pas bien marqué hors du quotidien, le moment « élitaire » pour reprendre l’expression de Jersy Grotowski.

 

Former des hommes

Eduquer et divertir tels sont les deux soucis des écrivains pour enfants, mais aussi du metteur en scène et des acteurs ( dont on néglige un peu trop le rôle ).

Mais, de ce fait, rares sont les écrivains à se lancer dans cette « aventure » qu’est l’écriture au service de l’enfance.
Et pourtant, cette « aventure », si elle n’est pas plus capitale que d’autres, elle est certainement la plus passionnante puisqu’elle fait appel à l’immense capacité d’imagination de l’enfant, tout en lui permettant de se confronter aux réalités « Le théâtre est un outil formateur de l’intelligence et de la sensibilité ».
Pour illustrer cela et montrer l’impact que peut avoir un véritable théâtre pour les enfants, j’ai un exemple merveilleux que m’a raconté un ami.
Un enfant de huit ou neuf ans visitait l’autre jour à Port-Saint-Louis une exposition. Soudain, il s’arrêta net. Un mot l’avait frappé. Un mot qu’il ne comprenait pas. Il se retourna, vit un monsieur et alla lui tirer la manche : « Dis, qu’est-ce que ça veut dire ce mot ? ».
Le monsieur lui expliqua aussi bien qu’il le put, puis il demanda à l’enfant : « Mais pourquoi voulais-tu savoir exactement le sens de ce mot ». Et l’enfant de lui répondre : « Eh bien je viens voir au théâtre où les gens avaient perdu les mots… Alors moi, je veux bien les apprendre pour ne pas les perdre »… Cette pièce c’était « Le pont sur la clarinette ».
Cette pièce s’inscrit dans ce nouveau répertoire du théâtre pour la jeunesse qui est notre espoir à tous. Et notre espoir se reporte aujourd’hui sur les hommes, comme Gamarra, qui en écrivant pour les enfants, en les amenant au théâtre, contribuent à former des hommes, des citoyens de demain.