Épreuve du brevet des collèges

( Caen, Clermont-Ferrand, Orléans-Tours, Rennes )

QUESTIONS

J’ai Marseille au cœur.

Je suis né à Marseille. De père italien et de mère espagnole. D’un de ces croisements dont la ville a le secret. Naître à Marseille n’est jamais un hasard. Marseille est, a toujours été, le port des exils, des exils méditerranéens, des exils de nos anciennes routes coloniales aussi. Ici, celui qui débarque un jour sur le port, il est forcément chez lui. D’où que l’on vienne, on est chez soi à Marseille. Dans les rues, on croise des visages familiers, des odeurs familières. Marseille est familière. Dès le premier regard.
C’est pour ça que j’aime cette ville, ma ville. Elle est belle pour cette familiarité qui est comme du pain à partager entre tous. Elle n’est belle que par humanité. Le reste n’est que chauvinisme. De belles villes, avec de beaux monuments, il y en a plein l’Europe. De belles rades, de belles baies, des ports magnifiques, il y en a plein le monde. Je ne suis pas chauvin. Je suis marseillais. C’est à dire d’ici, passionnément, et de tous les ailleurs en même temps. Marseille, c’est ma culture du monde. Ma première éducation du monde.
C’est par ces routes de navigation anciennes, vers l’Orient, l’Afrique, puis vers les Amériques, ces routes réelles pour quelques-uns d’entre nous, rêvées pour la plupart des autres, que Marseille vit, où que l’on aille. Paris est une attraction. Marseille est un passeport. Quand je suis loin, et cela m’arrive souvent, je pense à Marseille sans nostalgie. Mais avec la même émotion que pour la femme aimée, délaissée le temps d’un voyage, et que l’on désire de plus en plus retrouver au fur et à mesure que passent les jours.
Je crois à cela, à ce que j’ai appris dans les rues de Marseille, et qui me colle à la peau : l’accueil, la tolérance, le respect de l’autre, l’amitié sans concession et la fidélité, cette qualité essentielle de l’amour. (…)
J’aime croire – car j’ai été élevé ainsi – que Marseille, ma ville, n’est pas une fin en soi. Mais seulement une porte ouverte. Sur le monde, sur les autres. Une porte qui resterait ouverte, toujours.

Marseille, Jean-Claude IZZO, Edition Hoëbeke, 2000.

 

QUESTIONS ( 15 points )

I – L’expression de soi ( 7,5 points )

1.
a) Relevez les pronoms personnels sujets dans le premier paragraphe.
b) Dites à qui renvoie chacun d’eux. ( 1,5 point )

2. Quel est le pronom personnel dominant dans le texte ? ( 0,5 point )

3. Réécrivez la phrase : « Ici, celui qui débarque un jour sur le port, il est forcément chez lui. » , en changeant la construction pour qu’elle appartienne à un registre de langue plus soutenu. ( 1 point )

4.
a) Expliquez le sens de l’adjectif « familier ».
b) Relevez un nom de la même famille dans la suite du texte. ( 1,5 point )

5. « Je crois à cela, à ce que j’ai appris dans les rues de Marseille, et qui me colle à la peau : l’accueil, la tolérance, le respect de l’autre, l’amitié sans concession et la fidélité, cette qualité essentielle de l’amour. »
a) Identifiez les temps des verbes de la phrase.
b) Justifiez leur emploi. ( 2 points )

6. A quel genre littéraire peut-on rattacher ce texte? ( 1 point )

 

II – Marseille ( 7,5 points )

1. « Paris est une attraction. Marseille est un passeport. »
a) La même figure de style est ici employée deux fois. Quel nom lui donne-t-on?
b) Trouvez un autre exemple dans le texte.
c) Expliquez l’emploi du présent. ( 1,5 point )

2.
a) Relevez dans le passage allant de « C’est pour ça… » jusqu’à « …de l’amour », le champ lexical du sentiment.
b) Déduisez-en la nature de la relation que l’auteur entretient avec Marseille. ( 1,5 point )

3.
a) Expliquez dans le contexte le sens du mot « tolérance ».
b) Trouvez dans le texte un nom de sens contraire. ( 1,5 point )

4. Trouvez trois raisons qui expliquent que l’auteur a « Marseille au cœur ». ( 3 points )

 

REECRITURE ( 4 points )

Réécrivez les passages suivants à la première personne du pluriel :

1. « D’où que l’on vienne, on est chez soi à Marseille. Dans les rues, on croise des visages familiers, des odeurs familières. »

2. « J’aime croire – car j’ai été élevé ainsi – que Marseille, ma ville, n’est pas une fin en soi. »
Vous n’oublierez pas d’effectuer tous les changements nécessaires.

 

 

Dictée ( 6 points )

 En ce moment, les moulins situés sur les chutes de l’Indre donnaient une voix à cette vallée frémissante, les peupliers se balançaient en riant, pas un nuage au ciel, les oiseaux chantaient, tout y était mélodie. Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine. Je ne l’aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert ; je l’aime comme un artiste aime l’art ; je l’aime moins que je ne vous aime, mais sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus. Sans savoir pourquoi, mes yeux revenaient au point blanc, à la femme qui brillait dans ce vaste jardin.

Je descendis, l’âme émue, au fond de cette corbeille, et vis bientôt un village que la poésie qui surabondait en moi me fit trouver sans pareil.

D’après Honoré de Balzac, Le Lys dans la vallée.

 

 

Rédaction ( 15 points )

 Comme Jean-Claude Izzo un lieu vous tient particulièrement à cœur. Vous l’évoquez pour un lecteur en cherchant à lui faire partager votre passion.

– Votre texte sera écrit à la 1ère personne ;
– Vous insisterez sur les sentiments que ce lieu fait naître en vous.
– Il sera tenu compte, dans l’évaluation, de la correction de la langue et de l’orthographe.