Des jeux au service de l’enfance


Educatifs – Récréatifs ? Toujours la même question. Un éditeur de jeux – Nathan – concilie les deux notions pour la grande joie des enfants. Jean-Claude Izzo nous en parle…

 Avec le mot « jouet » nous pensons immédiatement à Noël. Pourquoi ? Peut-être parce qu’à cette époque-là, les jouets pour enfants sont en quelque sorte prostitués au matraquage para-publicitaire et aux séquences télévisées présentant des bambins de service en admiration devant de « merveilleux objets ».

 Le jouet est ainsi réduit à être un objet futile.

 Or le jouet ne doit-il pas être considéré à différents niveaux : éducatif, mental, industriel ?

 Cette question je la pose aujourd’hui un peu comme je la posais dernièrement à propos des livres pour enfants : éducatif-récréatif.

 Ne peut-on envisager la notion de jeu, de jouer et du jouet dans tout son ensemble, c’est-à-dire en tenant compte de sa valeur culturelle et formatrice dans les rapports de l’enfant avec le monde ? Pourquoi des jouets ( récréatifs ) et jeux éducatifs ? Pourquoi cette barrière ?

 Il est possible de répondre que cette valeur que nous accordons aux jeux et aux jouets « est plus ou moins favorisée par des conditions d’existence matérielle et d’environnement culturel, par l’existence ou la non-existence d’écoles maternelles, par l’effectif des écoles et des enseignants dans les écoles maternelles et primaires ». Certes cela est vrai.

 Le jeu peut être individuel et collectif. Les deux notions ont chacune leur importance.

 Et force est de constater que, par exemple, dans les maternelles de quarante enfants l’institutrice ne pourra pas développer le caractère individuel du jeu pas plus qu’elle ne pourra en développer le caractère communautaire.

 Quant au jeu, aux jouets à la maison il n’est que trop souvent fonction des ressources de la famille, du nombre d’enfants, du logement… Là, plus qu’ailleurs malheureusement, la notion de jeu sera mutilée.

 Sommes-nous donc dans une impasse : Non seulement celle du loisir mais bien plus celle du développement culturel de l’enfant ; une impasse dans laquelle notre société nous a fourvoyé ? Nous le pensons.

 

 Au service de l’enfance

 Le pessimisme n’est cependant pas une manière d’être, pas la nôtre.

 A tous les niveaux culturels des hommes et des femmes se sont mis au service des enfants, et , à leur échelon, tente de pallier aux carences qui existent. C’est le cas de certaines éditions de livres, dont « La Farandole » avec qui, dimanche passé, nous avons fait le point sur l’édition enfantine. C’est aussi le cas de Nathan, à la fois éditeur de livres et de jeux éducatifs.

 Livres et jeux sont, pour Nathan, étroitement liés dans une « philosophie éducative ». En publiant parallèlement des livres et des jeux Nathan définit à sa manière d’être au service de l’enfance.

 

Le jeu c’est sérieux

 Avec le jeu « Il s’agit, nous dit Mme Micheline Bertrand, attachée de presse de la maison d’édition, d’une discipline d’éveil, d’une discipline d’avenir qui conditionnera la vie future de l’enfant ».

J’ai été frappé par le sérieux, des « jeux éducatifs » que Nathan met sur le marché ; jeux qui demandent à l’enfant de penser ce qu’il fait, de le construire tout en se distrayant. Cela méritait un regard attentif.

La fabrication d’un jeu nécessite la « mise en action » de toute une équipe convaincue que le jeu est sérieux.

 « Il existe quelques auteurs spécialisés, nous explique Micheline Bertrand, qui, comme des écrivains perçoivent des droits d’auteurs. Il arrive parfois que des auteurs extérieurs à notre maison nous apportent des idées originales. Pour être retenues ces idées doivent une trame éducative ; elles doivent pouvoir être réalisées facilement et se prêter à une présentation de qualité, séduisante pour les enfants. Certes, poursuit-elle, la plupart des jeux sont conçus dans nos bureaux, à la suite d’études de marketing ». Et cela se comprend. Personne aujourd’hui en matière d’édition ne peut s’offrir le luxe : ou très rarement de publier sans être sûr de vendre – c’est une contrainte du système actuel. Mais encore faut-il savoir la part du jeu, comme le fait Nathan à partir de son « bureau de marketing, de recherches systématiques et d’études de marché » en élaborant des jeux qui restent « dans une ligne éducative et de bon goût ». 

 

Un travail collectif

 Un tel travail ne peut se faire qu’avec des gens compétents : « Pédagogues, psychologues, enseignants, techniciens du marketing, de la publicité, de la vente, de la presse et conseillers de fabrication ». Ce sont eux qui, chez Nathan, élaborent des jeux qui sont destinés à l’enfance.

 A eux se joignent ensuite les dessinateurs et les maquettistes.

 Résultat d’un travail collectif à toutes les étapes : « invention-conception-fabrication ». Le jeu sera soumis, en dernière analyse à des enfants.

Voilà à mon sens ce qui fait le succès des jeux Nathan auprès des enfants.

  

« Promoteur d’idées éducatives »

 Le jeu, le jouet peuvent être à la fois « art et industrie ».

 Nathan réalise ce tour de force de concilier l’éducatif, le mental et le commercial sans nuire à l’enfant.

Les animateurs de cette maison s’affirme « pro ».

 Les animateurs de cette maison s’affirment « Promoteurs d’idées éducatives ». Ils le sont, même si la formule ( choc certes) est ambiguë.

Quoi qu’il en soit leur travail redonne au jouet ses lettres de noblesse, lui redonne sa vraie place : celle d’éveilleur culturel, qui peut servir à apprendre à l’enfant le sens de l’initiative, de la responsabilité consciente de ses gestes, de son pouvoir.

 

 

Un article de Jean-Claude Izzo